Communication de Madame Carol Flore-Smereczniak, Représentante Résidente du PNUD Côte d’Ivoire - SESSION INAUGURALE DE L’ATELIER «YOUTH INNOVATION ENTREPRENEURSHIP LAB»

16 décembre 2020

Mme Carol FLORE-SMERECZNIAK - Représentante Résidente du PNUD au pupitre - Youth Innovation Entrepreneurship Lab

Monsieur le représentant du Ministre de la promotion de la jeunesse et de l’emploi des jeunes,

Monsieur le Directeur de l’innovation, représentant du Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique,

Madame la Présidente de la Fondation BJKD,

Chers Collègues, Représentants Résidents du BIT et de l’ONUDI,

Monsieur le représentant de l’INP-HB,

Monsieur le représentant de la CGECI,

Madame la représentante du CEPICI,

Monsieur le représentant des Centres de Gestion Agréés

Monsieur le représentant de la FIPME-MPME.

Mesdames et Messieurs,

Je suis très heureuse de me retrouver avec vous ce matin, surtout avec vous jeunes femmes et jeunes hommes, qui aspirez à voler de vos propres ailes.

J’ai souhaité présider cette session inaugurale pour entendre de vous des idées nouvelles et des approches peu ordinaires pour adresser les défis de plus en plus complexes de développement auxquels nous faisons face.

Pourquoi avons-nous tenu à organiser cet atelier ?

Lorsque nous nous sommes engagés dans ce partenariat avec la Fondation BJKD, notre vision à nous était d’injecter l’innovation dans l’ADN des entrepreneur.e.s, particulièrement des jeunes en Côte d’Ivoire.

Et pour cause, dans une récente enquête menée par le PNUD en Octobre 2020, sur 122 entreprises sondées, seules 11, soit 9,02% répondaient aux critères d’innovation[1]. Plus largement, sur plus de 804 candidatures enregistrées pour le prix de la Fondation BJKD, seules 43 étaient jugées innovantes, soit 5,35%.

Un constat se dégage donc : la plupart des initiatives entrepreneuriales jeunes sont développées dans des secteurs d’activités classiques et un peu trop concentrées dans le secteur agricole. Or, l’avenir réside justement dans l’innovation dans laquelle nous devons, toutes et tous, nous investir.  C'est seulement ainsi qu'on pourra mieux adresser les besoins actuels du marché, qui sont très dynamiques et influencés par nos relations avec le marché extérieur.

Le présent atelier est donc une réponse à ce déficit, qui est un défi pour le PNUD et pour l’ensemble de ses partenaires, qui est d’accompagner tout ce processus, dans une dynamique transformationnelle innovante, à partir des solutions locales.

Ce défi, nous le partageons avec la Fondation BJKD, avec qui nous entretenons un partenariat privilégié, que je voudrais, au passage, saluer. Ensemble nous avons déjà répertorié une centaine de jeunes entreprises avec qui nous envisageons de travailler.

Un potentiel favorable à l’innovation entrepreneuriale :

Mesdames et messieurs,

Lorsque je suis arrivée dans ce pays, j’ai été agréablement surprise des potentialités qui existent et de l’aspiration bouillonnante des jeunes. Il s’agit notamment :

1.      du potentiel démographique, avec une jeunesse (plus de 40% de la population) qui a soif d'apprentissage et de créativité, notamment, dans le domaine des nouvelles technologies (le pays connait le plus fort de pénétration d'internet dans la sous-région ouest africaine) ;

2.      du potentiel économique, avec une croissance moyenne annuelle de près de 8% pendant presque dix ans ;

3.      du potentiel technologique, avec un pays ouvert sur le plan règlementaire pour accueillir les initiatives dans le domaine des technologies de l’innovation, à l’instar du Rwanda ; et surtout

4.      du potentiel entrepreneurial : le pays connait un boom de création d'entreprises privées au cours de cette dernière décennie, notamment avec les jeunes et les femmes, y compris avec l'accompagnement du Gouvernement (Programme Emploi-Jeunes).

Tous ces potentiels concourent à l’innovation à travers la promotion des solutions locales. En accompagnant l’innovation et en la promouvant localement, nous espérons rendre pertinente la créativité et améliorer les performances, toujours dans une logique d’efficacité et d’efficience.

Et cela, nous l’avons déjà éprouvé dans le contexte de COVID-19 pendant lequel nous avons travaillé avec des start-ups ivoiriennes pour promouvoir des drones, des robots, des tunnels de désinfection, des bracelets électroniques de lutte contre les VBG "made in Côte d’Ivoire".

Mesdames et messieurs les représentants des Ministères techniques,

Le PNUD accompagne mais le PNUD ne peut tout faire seul.

J’ai souhaité votre présence avec nous ici, d’abord, pour assurer à cette initiative la pérennité, grâce à l’appropriation que vous en ferez. 

Merci pour l’honneur que vous nous avez faits en répondant à notre appel. Je reste persuadée que nous partageons la même vision véhiculée par l’Agenda 2030 « Transformons notre monde » à laquelle tous nos pays ont souscrit en 2015 et que nous sommes invités à contextualiser en Côte d’Ivoire afin d’aider ce pays à atteindre les Objectifs du Développement Durable (ODD).

C’est pourquoi il était nécessaire que vous soyez au démarrage de ce processus pour nous apporter vos contributions et orientations.  Merci à vous, dont l’expertise ne nous fait jamais défaut.

La présente initiative, en droite ligne avec notre prochain Programme de coopération avec le gouvernement de Côte d’Ivoire, le CPD 2021-2025, vise la croissance inclusive, avec une priorité accordée à la création d’opportunités, notamment pour les jeunes et les femmes.  Le succès proviendra assurément d’un large partenariat et d’une bonne synergie d’actions multisectorielles.

C’est pourquoi nous envisageons de répondre avec vous, à l’un des obstacles majeurs qui réside dans la coordination des acteurs de l’écosystème entrepreneurial, en vue de favoriser la création de nouvelles entreprises et d’augmenter considérablement les chances de succès des entreprises qui existent déjà par un accompagnement approprié.

Mesdames et messieurs,

Je voudrais vous parler de l'environnement dans lequel nous évoluons et ce qui existera dans un avenir proche.  Nous sommes dans un monde de VUCA.

VUCA est formé des initiales des mots anglais : Volatility – Uncertainty – Complexity – Ambiguity.

La volatilité rend compte des situations qui peuvent évoluer de manière imprévisible et rapide. Nous avons pu le constater avec la pandémie de COVID-19 et ses répercussions contraignantes socio-politiques. La lecture de ces situations doit donc se faire de façon dynamique et vos décisions doivent être réajustées en fonction des évolutions et des circonstances.

L’incertitude est le propre des situations qu’on ne peut prédire, des résultats espérés mais non garantis, des effets de surprises possibles. C'est avant tout le manque de connaissances ou d'informations sur un environnement qui exige la connaissance fine de l’environnement.

La complexité est liée à une situation qui est difficile à analyser, où le nombre d'éléments à prendre en compte, leur dynamisme et leur interdépendance rend une lecture globale difficile.

L’ambiguïté enfin désigne la difficulté de distinguer, sans risque de se tromper, des situations et des relations de cause à effet qui peuvent s’interpréter de différentes manières. L'ambiguïté va entraîner l'émission de messages différents, de conflits d'intérêts (volontaires ou non) ou encore l'inaptitude à bien comprendre une situation donnée. Naviguer dans une telle atmosphère peut faire perdre prise avec les objectifs et rendre la recherche de consensus difficile.

En tant qu’entrepreneur.e et partie prenante clé de la production économique, vous devez vous rendre confortable avec le VUCA.  Je vous exhorte à anticiper les problèmes difficiles à identifier, comprendre les conséquences des décisions prises, apprécier l'interdépendance des variables, préparer des alternatives en fonction des différents scénarii, identifier et profiter des opportunités.

Il vous revient de toujours vous réinventer et de rester dans une posture d’innovation permanente pour toujours gagner.

Mesdames et Messieurs,

Pour conclure, je voudrai saisir l’opportunité qui m’est offerte pour présenter en avance mes vœux les meilleurs pour cette période de fin d'année 2020 et pour la nouvelle année 2021.

Je rappelle en passant qu'il n'y a que trois jours dans la vie: hier, aujourd'hui et demain.

Hier est déjà parti et on ne peut plus le rattraper. Demain n'est pas encore la. Donc on peut encore rêver, l'imaginer, l'inventer. Mais nous avons aujourd'hui. Choisissons aujourd'hui d'appréhender et de faire de demain un jour plus magique que hier.

Que 2021 soit l’année de l’innovation du secteur des petites et moyennes entreprises, sans pandémie, pour un développement durable et inclusif, grâce à vos contributions respectives.

Je vous remercie.


[1]Josué Adjoumani : Enquête sur les besoins innovants des entreprises, octobre 2020.