Allocution de Mme Carol FLORE-SMERECZNIAK Représentante Résidente du PNUD - ATELIER DE DETERMINATION DES COUTS POUR LA REALISATION DES OBJECTIFS DE DEVELOPPEMENT DURABLE

18 novembre 2020

Mme la représentante résidente du PNUD au pupitre pour son discours

Madame la Ministre du Plan et du Développement

 

Mesdames, Messieurs les représentants des Institutions de la République

 

Mesdames, Messieurs les représentants du Secteur Privé et de la Société Civile

 

Mesdames, Messieurs les représentants des Partenaires Techniques et financiers

 

Chères/Chers Collègues du Système des Nations Unies

 

Honorables invités

 

Mesdames, Messieurs

Madame la Ministre, permettez-moi d’abord de vous féliciter pour la tenue de cet atelier et le respect de la feuille de route du Plan National de Développement 2021-2025, malgré un contexte national difficile, marqué par la pandémie de COVID-19 et les élections présidentielles qui viennent de se dérouler.

En effet, l’atelier qui nous réunit aujourd’hui marque une étape importante dans la finalisation du PND (2021-2025), à savoir l’évaluation des coûts des accélérateurs des Objectifs du Développement Durable (ODD), après que ces derniers aient été priorisés et intégrés dans le PND.

A l’instar de tous les pays du monde, la Côte d’Ivoire s’est engagée à réaliser les Objectifs de Développement Durable adoptés par les Nations Unies en septembre 2015 afin que, d’ici 2030, la pauvreté soit éradiquée, la planète protégée et la prospérité assurée pour toutes et pour tous. Cet Agenda qui tient compte de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine, est un ambitieux programme auquel sont arrimés dix-sept (17) Objectifs du développement durable, cent-soixante-neuf (169) cibles et deux cent trente (230) indicateurs. Il promeut une vision transformative pour répondre aux défis du développement durable dans ses différentes composantes : environnementale, sociale et économique.

En cette année 2020, qui marque le début de la décennie d'actions audacieuses à au niveau mondiale, nationale et individuelle en faveur de l’accélération des ODD, il nous faut insuffler une réelle dynamique dans l’urgence de nos interventions. Pour cela, il est impératif de rehausser nos ambitions et passer à l’échelle en proposant des solutions innovantes, pour résolument transformer les conditions de vie des populations.

Dans ce sens, la Côte d’Ivoire a initié depuis l’année 2017 sa feuille de route en faveur des ODD en s’appuyant sur la méthodologie MAPS (Mainstreaming, Acceleration, Policy Support) développée par les Nations Unies. Cet exercice a permis de prioriser de manière participative 40 cibles des ODD.

Toujours dans le cadre du MAPS, les expertises mobilisées par le PNUD et le Millenium Institute ont permis de soutenir le Gouvernement dans l’évaluation de l'impact des politiques de développement sur la réalisation des ODD, qui a abouti à l’identification de 11 accélérateurs des ODD, à savoir les ODD dont la prise en charge a des effets multiplicateurs positifs sur d’autres ODD. Il s’agit en particulier, de l'agriculture durable et de l'adaptation au climat, de l'industrialisation, de l'éducation, de l'égalité des sexes, de l'emploi, de la gouvernance et, avec l’avènement de la pandémie de la COVID-19, la planification de la résilience qui devient aussi un accélérateur important pour l’atteinte des ODD.

L’exercice d’évaluation des coûts des ODD qui nous réunit ce matin ouvre ainsi la voie à la définition d’une stratégie efficace de financement des ODD. En effet, une fois ces coûts évalués, il s’agira, conformément aux recommandations du programme d’actions d’Addis Abeba, de réfléchir à une panoplie d’options de financement qui couvre tant les ressources internes qu’externes, publiques et privées, ainsi que les financements innovants.

C’est le lieu de rappeler que ces évaluations de coût doivent prendre en compte l’impact de la COVID-19 sur le développement de la Côte d’Ivoire, et également anticiper l’effet éventuel d’autres crises à venir.

A ce titre, les Nations Unies ont développé l’outil d’évaluation du financement du développement (Development finance Assessment – DFA – en anglais) qui est un exercice particulièrement précieux pour (i) mesurer les flux de financements internes (fiscalité, investissement privé, etc.) et externes (transfert de la diaspora, aide au développement, investissement direct étranger, capital investissement, etc.) de l’économie, (ii) explorer le potentiel réel d’élargissement des sources de financement du développement et, surtout, (iii) définir les réformes indispensables à mettre en œuvre pour, non seulement exploiter le potentiel disponible, mais aussi pour mieux utiliser les ressources existantes et assurer leur affectation aux priorités nationales de développement, c’est-à-dire, s’assurer de la qualité de la dépense.

Le DFA permet d’établir sur le Cadre National Intégré de Financement – « Integrated National Financing Frameworks Initiative – INFF en anglais » et il convient de relever que la Côte d’Ivoire fait partie des 18 pays pilotes retenus pour cette initiative soutenue par l’Union Européenne, le Département des Affaires Economiques et Sociales des Nations Unies, la Banque Mondiale et le FMI. Cet exercice, qui s’inscrit dans le prolongement du MAPS, permet d’inciter le secteur privé à développer des stratégies ODD et des modèles d’affaires facilitant l’accès des populations pauvres à leurs services, conformément aux principes du « SDG Impact ».

Dans la conduite de cet exercice d’évaluation des coûts et de financement des accélérateurs des ODD, les aspects ci-après devront être pris en considération :

·        Respecter le principe « Ne laisser personne de côté » à travers une meilleure prise en compte des besoins des populations pauvres et vulnérables (localisation des interventions, intégration et développement de synergies, ciblage et identification des ménages, fléchage d’une partie des financements vers les besoins des populations pauvres et vulnérables…).

·        Opérationnaliser les mécanismes de mise en œuvre et de coordination de manière à rompre avec les approches en silos et faciliter le développement de projets intégrés, conformes aux principes des ODD, avec une participation des populations au niveau local.

·        Faciliter une approche intégrée des financements en évitant la fragmentation des interventions sur le terrain et du niveau élevé des coûts de transaction qui en résultent. De cette manière, des approches plus systémiques (programme unique, programmes conjoints, pool-funding…) permettront d’utiliser plus efficacement l’éventail des ressources disponibles (internes, externes, publiques, privées…).

Les Nations Unies continuent ainsi à se tenir auprès du Gouvernement, afin de mettre à sa disposition, toute la panoplie d’outils et d’approches permettant la formulation et la mise en œuvre efficace de la stratégie de financement du PND, partant de l’évaluation des coûts des accélérateurs ODD, l’évaluation du potentiel de financement, jusqu’à la mise en place et l’opérationnalisation d’un cadre intégré de financement.

Je formule le vœu qu'en 2030, la Côte d’Ivoire soit citée parmi les pays qui auront réalisé le plus de progrès vers l’atteinte des ODD.

Je vous remercie.